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16/04/2013

SUITE DU DEMENAGEMENT

 

de l’une de mes nouvelles fenêtres

 

j’aperçois la boulangerie pour bobos du quartier

 

qui brille de tous ses feux

 

ensuite

 

je déballe mes courses

 

mon budget rideau a explosé

 

voiler sept fenêtres

 

cela finit par chiffrer

 

mais si c’est le prix à payer

 

pour avoir la paix

 

j’ai fini de peindre des murs

 

qui auraient mieux fait d’être recouverts de papier-peint

 

je n’ai

 

pas voulu lâcher mon idée initiale

 

je n’ai

 

toujours pas reçu mon frigo chinois

 

commandé dans une grande surface

 

il serait bloqué à une frontière

 

quand mes enfants me demandent pourquoi

 

je leur dis qu’il était rempli de drogue

 

 

 

enfin

 

le frigo arrive jusqu’à nous

 

vide

 

tout le monde est soulagé

 

et déçu

 

à la maison

 

 

 

F.Houdaer 

 

02/01/2013

Derniers jours de l'année 2012...

... j'achève mon déménagement lyonno-lyonnais, de la Guillotière au plateau de la Croix-Rousse (ma nouvelle adresse pour les personnes bien intentionnées : 105 rue Hénon 69004 Lyon). Et Ikea a fait de moi un homme grâce à sa barre à mine miniature.

 

cle_allen_250.jpg

Mon ascension sociale irrésistible m'a permis d'acheter des bibliothèques Billy noires, bien plus onéreuses que les Billy blanches qui me suivaient fidèlement depuis des lustres.

Et ? Et suite à tout un jeu de circonstances, je me suis trouvé à lire le roman posthume de mon ami Pascal Garnier (paru cette année chez Zulma). 

 

Cartons-Pascal-Garnier.jpg

J'ai souvenir de ce que Pascal m'avait dit de ce roman, alors qu'il en commençait la rédaction et qu'il habitait encore dans son appartement lyonnais de la rue Garibaldi. Juste avant qu'il ne déménage pour un village en Ardèche du nord.

C'est peu dire que la lecture de ce livre m'a troublé. Et pas seulement parce que je le dévorais au milieu de mes propres cartons, que le déménagement brossé au début de ce livre pouvait trouver des échos qui... bref. C'est surtout le roman le plus autobiographique de son auteur (même si "transposition", et patati, et patata). C'était surtout la semaine de Noël.

Un extrait :

" Le garage à présent ne ressemblait plus à rien. On aurait dit qu'une sorte de typhon avait dévasté les pyramides de cartons si soigneusement assemblées par les déménageurs. Des vêtements épars semblables à des algues molles recouvraient des piles de vaisselle, de livres ouverts en éventail, de CD dispersés qu'il fallait enjamber en marchant comme un héron. La cause de ce naufrage tenait au simple fait que pour mettre la main sur un objet de première nécessité (qui bien souvent restait introuvable) il fallait venir à bout, en luttant avec l'énergie du désespoir, d'une montagne de choses et de machins. Si les premiers cartons avaient été méticuleusement remplis et étiquetés, la plupart des autres, portant la mention DIVERS, ne contenait qu'un vrac d'objets dont il ne connaissait même pas l'existence. Et bien sûr, plus on en découvrait, plus la confusion s'étendait jusqu'à ne plus pouloir reconnaître ceci de cela. Seul le hasard pouvait vous être d'une quelconque utilité. Et c'est grâce à lui qu'il tomba sur la caisse de bricolage après avoir fait dégringoler une boite à chaussures qui déversa, en s'écrasant sur le sol, un flot de coquillages. Il en broya quelques-uns en reprenant son équilibre et se mit en devoir de faire l'inventaire de son outillage : un marteau démanché, un tournevis tordu, deux petits pots pour bébé (épinard-jambon, pomme-poire) à moitiés pleins de clous, de vis, de punaises, d'élastiques, de chevilles, un cutter sans lame, un pinceau aux poils collés, une tenaille rouillée, une pelote de ficelle, un rouleau de sparadrap, deux couvercles de pots à confiture et, quand même, un mètre en métal pliant, de ceux que les menuisiers portent fièrement dans la petite poche conçue à cet effet sur la jambe droite de leur salopette. Au regard de la tâche écrasante qu'Emma lui confiait, ce matériel s'avérait tout à fait insuffisant. Il passa une heure à faire éclater sous l'ongle de son pouce des centaines de bulles de plastique de protection, assis dans le noir, sans parvenir à se convaincre de la nécessité d'envisager une sortie au Bricorama le plus proche. C'était pour lui des lieux tabous, guère plus fréquentables que des vestiaires de stade. De toute façon, s'il fallait s'y résoudre, il était trop tard aujourd'hui. On pratiquait ce genre d'expédition tôt le matin, comme la chasse ou la pêche. "

23/08/2011

MAKING-OFF

la fenêtre de mon bureau

donne sur un chantier tout frais

cela ne ressemble encore qu’à un vaste trou

j’ai compté cinq types différents d’engins

à s’être donnés rendez-vous en bas de chez moi

plusieurs équipes sont sur le coup

même si la plupart n’ont

pour le moment

fait que de se croiser

et prendre leurs marques

moi

le seul effort que je me suis demandé

est de prendre une photo par jour

de l’avancée des travaux

 

je n’ai pas tenu la promesse

que je m’étais faite

 

depuis

j’observe le boulot des gars

non sans une certaine aigreur

j’applaudis

à la pluie

qui vient contrarier la bonne marche du chantier

mais cela ne suffit pas

la place en bas de chez moi finira bien par être refaite à neuf

et ce jour-là

je n’aurai plus qu’à partir

 

extrait de "ENGEANCES" à paraître en janvier aux éditions La Passe du Vent