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13/04/2024

Un "Lorgnon mélancolique"

Merci à Patrick Corneau (dont je rajoute l'excellent et très littéraire site-blog Le lorgnon mélancolique à ma liste des liens à suivre), pour les lignes qu'il vient de consacrer à CHEZ ELLE

"L’art de Frédérick Houdaer est comparable à celui d’un géographe qui aurait rompu avec l’arpentage des grands espaces pour se limiter à la mensuration de la distance Le Havre – Étretat, puis se bornerait à celle d’une plage, celle de Sainte-Adresse, par exemple, puis à une laisse de mer entre deux marées, et puis aux contours de tel rocher, et puis à cet alvéole laissé dans ce rocher par une moule qui s’en est détachée, et puis au minuscule trou qui en marque le centre, et puis aux infimes découpages que seul le microscope laisserait voir dans ce trou. Et puis, ce que son œil voit au travers de cette puissante loupe, il le considère comme si c’était toute la côte entre Le Touquet et Cancale, recommence à s’en approcher, à mesurer ce qu’il découvre, et cela plusieurs fois de suite, jusqu’à ce que la netteté disparaisse au profit d’un flou kaléidoscopique faisant place à des scènes hallucinatoires. Alors les monuments se déplacent, une femme et un chien disparaissent, les mouettes sont muettes et les disques durs cafardent, la nuit remue hésitant entre fantasque et fantastique, entre Chagall et Magritte… le réel prend des allures de fractales, éclate en puzzle.
On pourrait dire aussi que CHEZ ELLE est un lavis à l’encre sur lequel un des protagonistes verse des larmes – à la fin il ne reste que les contours fondus d’un test de Rorschach.
Un long week-end, une ville natale côtière, des retrouvailles ratées, une histoire d’amour qui dérape. Bref, la vie du haut d’un piédestal qui vacille. CHEZ ELLE est dédié à Judith Wiart (détail non trivial)."
 

11/04/2024

"Pour vivre ici"

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Aucun homme n’est invisible
Aucun homme n’est plus oublié en lui-même
Aucune ombre n’est transparente.
Je vois des hommes là où il n’y a que moi
Mes soucis sont brisés par des rires légers
J’entends des mots très doux croiser ma voix sérieuse
Mes yeux soutiennent un réseau de regards purs
Nous passons la montagne et la mer difficiles
Les arbres fous s’opposent à ma main jurée
Les animaux errants m’offrent leur vie en miettes
Qu’importe mon image s’est multipliée
Qu’importe la nature et ses miroirs voilés
Qu’importe le ciel vide je ne suis pas seul. 

Paul Eluard, Pour vivre ici 

 

05/04/2024

Mise en cinquantaine

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- En fait, passer la cinquantaine… Faut vraiment avoir une bonne raison, tu vois... Un mobile…
- Tu te rends compte de ce que tu dis ?
- T’as raison, c’est un peu tiède. Mais tu comprends l’idée de base, hein ?!

 

03/04/2024

"Malgré les secours..."

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Malgré les secours que quelques cuistres célèbres ont apportés à la sottise naturelle de l'homme, je n'aurais jamais cru que notre patrie pût marcher avec une telle vélocité dans la voie du progrès. Ce monde a acquis une épaisseur de vulgarité qui donne au mépris de l'homme spirituel la violence d'une passion. Mais il est des carapaces heureuses que le poison lui-même n'entamerait pas.
J'avais primitivement l'intention de répondre à de nombreuses critiques et, en même temps, d'expliquer quelques questions très simples, totalement obscurcies par la lumière moderne : qu'est-ce que la Poésie ? quel est son but ? de la distinction du Bien d'avec le Beau ; de la Beauté dans le Mal ; que le rythme et la rime répondent dans l'homme aux immortels besoins de monotonie, de symétrie et de surprise; de l'adaptation du style au sujet ; de la vanité et du danger de l'inspiration, etc., etc ; mais j'ai eu l'imprudence de lire ce matin quelques feuilles publiques ; soudain, une indolence, du poids de vingt atmosphères, s'est abattue sur moi, et je me suis arrêté devant l'épouvantable inutilité d'expliquer quoi que ce soit à qui que ce soit. Ceux qui savent me devinent, et pour ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas comprendre, j'amoncellerais sans fruit les explications.
 
Charles Baudelaire - Œuvres posthumes, (1908)