08/03/2017
Chez mon prochain éditeur
Il y avait plusieurs tables dressées pour deux congrès, dans la salle à manger immense, toute neuve, pompeuse, néo-Empire. Il s'est produit de la bousculade parmi nous, et je suis à peu près certain que mon ami et moi nous sommes fourvoyés dans le congrès où nous n'étions pas conviés. Par bonheur, cela n'a eu aucune conséquence fâcheuse. Tout le monde a été fort aimable à notre égard. J'avais pour voisin un ophtalmologiste viennois ; ce devait être un congrès médical. Derechef, j'ai constaté l'absence des femmes, à l'exception de serveuses en costume régional. Où s'enclôtissent les dames italiennes ?
Henri Calet, "L'Italie à la paresseuse", éditions Le Dilettante
05:32 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le dilettante, éditions le dilettante, henri calet, calet, l'italie à la paresseuse, italie
16/05/2010
LE GRAND ÔTEUR
Avoir connu Pascal Garnier, qu'est-ce que cela signifie ? Avoir lu ses livres. Goûté sa cuisine. Touché sa peinture. Avoir rencontré un artiste complet et rempli de failles.
Garnier n'avait rien d'un donneur de leçons (trop bon écrivain pour cela). Reste que chacun de ses amis qui a pu apprécier sa cuisine a forcément fait des parallèles entre l'écriture du bonhomme et sa façon de se mettre aux fourneaux. Pas le genre à charger un plat de trop d'ingrédients. Toujours les justes proportions.
Il aimait à parler du "nécessaire syndrome de Robinson Crusoé". "T'es échoué, t'as plus rien, sinon quoi… un canif, deux coquillages, un bâton et une vieille boite d'allumettes trempée… et c'est avec ça que tu vas faire quelque chose. Pas besoin de plus".
C'est ainsi que ses meilleurs livres ont été écrits avec un vocabulaire de 5000 mots.
Dupe de rien, Garnier. Imperméable aux querelles de chapelles si fréquentes dans le milieu du polar… Un milieu dont il a toujours tenu à se démarquer même si il y comptait de solides amitiés (lui qui avait commencé à publier chez P.O.L avant de passer au Fleuve Noir pour finir chez Zulma, ne cessait d'affirmer qu'il écrivait des "romans, non pas noirs, mais gris").
Il savait appuyer là où cela fait mal. Ou rire parfois. C’est à cela que l’on reconnaît une page de Garnier, à sa façon de nous placer devant cette alternative : doit-on en rire ou en pleurer ?
Héritier de Calet et de Simenon (tout autant que de James Ensor et de Otto Dix), cet auteur prolifique de livres maigres savait camper des personnages riches d’une force proportionnelle à leurs meurtrissures, bien qu'englués dans un quotidien navrant.
Pascal Garnier est mort. On a pas fini de parler de ses livres. Heureux ceux qui vont découvrir son œuvre. Heureux ceux qui vont la relire.
18:40 Publié dans où mon taux d'adrénaline augmente, polar | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : garnier, simenon, crusöé, zulma, calet, dix, ensor