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18/03/2005

Vendredi 18 mars

En début d’après-midi, je me rends à la prison Saint-Paul (sise tout contre la gare de Perrache et les quais du Rhône). Ce n’est pas une première. J’y retrouve Sylvie et Fabienne du groupe « Abus de langage », une association de lecteurs à voix haute. Il est prévu que nous lisions, que nous échangions quelques textes avec des détenus (je ne suis pas venu seul, mais accompagné de John Fante, de Withman et cie). Je n’évoquerai pas les petits problèmes que nous avons rencontrés dès l’entrée, je tiens à ce que nous puissions continuer à intervenir dans ces murs (fréquence prévue, tous les quinze jours).

Ceux qui ont lu mon premier livre publié (« L’idiot n°2 ») se souviennent qu’il y était abondamment question de la prison, des prisons, ainsi que de zen et de vedanta à la sauce Frédérick (où réside la dernière action possible, la vraie liberté, la marge de manœuvre inaliénable, avec un zest de hold-up par ci, une scène de poursuite par là, etc.).

À peine m’étais-je assis autour d’une table, entouré de huit détenus, que l’un d’entre eux me tend quelques feuilles photocopiées. Une nouvelle de Zweig (extraite de quel recueil ?) intitulée « VIRATA ». Comme son titre l’indique, l’histoire se passe en Inde, et le conte s’ouvre sur deux citations des Upanishads. Exemple :

« Ce n’est pas en évitant d’agir qu’on se libère en vérité de l’action,

Jamais on ne parvient à s’en rendre entièrement libre, fût-ce un instant. »

Moi :  - Pourquoi vous me refilez cette nouvelle ?

Le détenu :  - Pour que vous la lisiez. Vous connaissez Zweig ?        

- Oui. Mais pas ce texte là…

- Emmenez-le chez vous, quand vous sortirez, tout à l’heure.

- Je le lis et vous le ramène, promis.

Évidemment, cet homme n’avait pas lu mon « Idiot » (je ne me suis pas présenté comme auteur). Pourquoi est-ce à moi et non à Fabienne ou à Sylvie qu’il a refilé cette nouvelle de Zweig ?