12/02/2015
"L'ANGE GARDIEN" # 2
« D’abord faire parler Simon Polaris
Berthet va dans le fond de l’appartement.
Pour ce faire, Berthet longe un couloir. Sur la gauche, le couloir donne sur deux grandes pièces que Berthet a meublées peu à peu depuis 98, à chacun de ses séjours à Lisbonne, en chinant su le marché aux puces de Feira da Ladra ou encore chez les brocanteurs et antiquaires du Bairro Alto.
Sans que Berthet l’ait vraiment voulu, l’appartement de Berthet ressemble maintenant à celui d’un petit-bourgeois portugais du temps du dernier roi du Portugal, vers 1910. Disons que la dominante est austère, sombre, avec buffets, consoles, tables et chaises qui hésitent entre le néogothique et le néomanuelin tout en gardant une compoction dans l’efflorescence. Dans la chambre, le lit est à baldaquin et c’est Berthet qui a remplacé la vieille frise d’azulejos qui court tout autour du mur par une plus fraîche, mais d’époque, presque carreau par carrreau, se transformant en carreleur chaque fois qu’il trouvait un lot de carrés à son goût chez un broque.
Sur les murs du couloir, pour égayer, si l’on peut dire, Berthet a trouvé des scènes de naufrages qu’il a préférées aux tableaux représentant des scènes rurales. Ou des cartes géographiques. On trouve aussi de belles cartes marines. Oui, Berthet fut cet enfant amoureux de cartes et d’estampes, ce qui ne va pas l’empêcher de torturer à mort un autre homme dans les minutes qui viennent.
Seuls, dans la pièce qui sert de salon, deux éléments indiquent une note propre à Berthet, au rêve que Berthet poursuit : il y a les deux fauteuils clubs en cuir et les rayonnages colorés par les tranches des livres d’une bibliothèque ne comportant presque que de la poésie. Si nous avions le temps, nous constaterions que ces livres sont les mêmes que l’on pourrai trouver dans les autres planques que Berthet juge sûres, personnelles en quelque sorte, c’est-à-dire une dizaine, comme avenue Daumesnil.
Berthet achète toujours les recueils de poésie qu’il aime en plusieurs exemplaires, dans des librairies différentes. Berthet se comporte avec la poésie comme avec les armes ou les substances dangereuses. Varier les endroits où se procurer le matériel, ne pas dépendre d’une seule source d’approvisionnement. »
17:57 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : l'ange gardien, jérôme leroy, série noire
10/02/2015
Connaissez-vous SIMON ALLONNEAU ?
Le premier livre de Simon Allonneau était un "Polder" de toute beauté.
Son deuxième recueil sort au Pédalo Ivre. Drôle à en pleurer.
c’est marrant
je croyais que votre fils avait grandi
il est à nouveau petit
on dit que les enfants grandissent tout droit.
ils rétrécissent entre-deux
mais il ne faut pas leur dire
Une première critique signée Grégoire Damon
Le livre est commandable ICI.
08:32 Publié dans a.4) EDITEUR | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : simon allonneau, la vie est trop vraie, éditions le pédalo ivre, le pédalo ivre
02/02/2015
le même jour
le même jour
voir cette amie pleurer parce qu'elle vient de perdre son statut d'intermittente
apprendre que dodo la saumure s'est fait blanchir les dents avant son procès
l'hexagonie en 2015
13:43 Publié dans où mon taux d'adrénaline augmente | Lien permanent | Commentaires (2)
01/02/2015
"L'ANGE GARDIEN" # 1
Une des plus belles défenses de la poésie publiées ces dernières années, vous la trouverez dans ce polar...
« À l’unité, un Lambda, c’est un citoyen ordinaire qui doit être exécuté. L’Unité ne fournit pas d’explication ou de motif. Juste un ordre par les voies habituelles : la poste restante de la rue Marie-Rose ou un rendez-vous fixé dans un bar. Pas de pourquoi. L’unité a ses raisons. Et puis on vous paie assez bien comme ça pour éviter les questions. (…) Berthet avait toujours soupçonné que les opérations Lamda, la plupart du temps, étaient un moyen pour l’Unité de s’assurer de la loyauté de ses agents.
C’est comme ça qu’on se retrouvait à étrangler un notaire d’Arpajon avec un fil à couper le beurre après s’être planqué sur le siège arrière de sa berline haut de gamme ou à tirer une balle dans la tête d’une vendeuse qui sortait d’un magasin de fringues du XIXe arrondissement. On avait beau tenter de se rassurer en se disant que le notaire d’Arpajon était un ancien des réseaux Gladio et qu’il savait trop de choses sur les manips anticommunistes de la guerre froide ou que la vendeuse des Buttes-Chaumont avait été à une époque une sympathisante d’un groupe terroriste d’extrême gauche, on n’avait aucune certitude. On pouvait même sérieusement en douter.
En 92, donc, Berthet s’était retrouvé avec un sixième Lambda sur les bras depuis le début de sa carrière à l’Unité. Un médecin généraliste de la banlieue de Rouen. Berthet avait désobéi. Berthet avait pris des risques. (…)
Berthet n’avait pas exécuté sa cible. Pas tout de suite. Berthet l’avait enlevée à la sortie de son cabinet, le soir. Un coup sur la nuque, le corps dans le coffre et puis un appartement dans une tour de la Grand’Mare. Le généraliste s’appelait Patrick Lefèvre, comme tout le monde, et il avait quarante ans. Pratiquement l’âge de Berthet à l’époque. Patrick Lefèvre, contrairement à Berthet, avait une existence terriblement normale. Une jolie femme qu’il ne trompait apparemment pas, deux enfants, un chien, une belle maison à Mont-Saint-Aignan. Pas de dettes de jeu, pas d’engagement politique. Un Lambda pur. Patrick Lefèvre avait été choisi au hasard, dans l’annuaire, ce n’était pas possible autrement.
En l’amenant dans l’appartement presque vide de la Grand’Mare, Berthet avait voulu lui faire cracher le morceau. Sinon Berthet s’était dit qu’il aurait du mal à tuer Patrick Lefèvre. Ou que ça allait le poursuivre. Et Berthet ne voulait pas de culpabilité, surtout pas de culpabilité. (…)
Berthet avait bandé les yeux du généraliste et l’avait attaché sur une chaise. Puis Berthet s’était assis devant lui. Berthet avait attendu qu’il reprenne connaissance en lisant La vie dans les plis qui venait de reparaître en Poésie / Gallimard. C’était la période Henri Michaux de Berthet.
Je crache sur ma vie. Je m’en désolidarise.
Qui ne fait mieux que sa vie ?
« Pourquoi ? Pourquoi vous me dites ça ? » avait demandé Patrick Lefèvre qui sortait du coaltar.
Berthet ne s’était pas rendu compte qu’il avait lu à haute voix. Berthet avait été encore plus déstabilisé quand Patrick Lefèvre avait dit, la voix pâteuse
« C’est du Michaux, non ? La vie dans les plis ? »
Merde alors. Tuer un lecteur de Michaux. Cela devenait de plus en plus dur, cette histoire. Tuer un lecteur de Michaux, non mais. Berthet regardait, bouche ouverte, Patrick Lefèvre qui ne pouvait pas voir Berthet.
« Pourquoi ? » avait demandé Patrick Lefèvre.
Berthet s’était demandé s’il n’aurait pas fait aussi bien, tout de suite, de prendre son Sig-Sauer P220 dans son holster de ceinture, de visser le réducteur de son et de tuer Patrick Lefèvre. On n’en aurait plus parlé. Là, c’était encore plus dur. Un lecteur de Michaux. Quand même. Un lecteur de Michaux, l’Unité croyait qu’il y en avait combien en France ? »
20:52 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jérôme leroy, l'ange gardien
30/01/2015
Vrac de vrac # 25
Toute la semaine prochaine, je serai à Tinqueux, près de Reims. En excellente compagnie (Fabienne Swiatly, Pierre Soletti, Serge Pey, Lucien Suel...).
Autrement ? Erri de Luca comparaît devant un juge. Sur les ondes de France-Machin, il n'est question que des procès Bettencourt ou Dieudonné, c'est meilleur pour leur buzz.
Autrement ? Des sénateurs plus lâches que nos parlementaires ? Si, c'est possible.
Autrement ? Une autre pétition à signer, pour sauver le festival de poésie de Lodève.
Autrement ?
Autrement ?
10:48 Publié dans Compile Face-Bouquienne, planches, SIGNATURES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : true detective, erri de luca, tinqueux
29/01/2015
C'était le Cabaret Poétique du 25 janvier 2015...
GREGOIRE DAMON (avec les lunettes de Grégoire Damon & la guitare de Grégoire Damon)
DENIS CASSAN
TOUTES ces photos sont signées Denis Svartz. Et au PERISCOPE, comme d'hab' !
07:11 Publié dans a.5) ANIMATEUR DU CABARET POETIQUE | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : le cabaret poétique, natyot, denis cassan, grégoire damon, emanuel campo
28/01/2015
Le NOUVEAU recueil de Grégoire DAMON
l'article ne disait pas grand-chose
la photo était dégueulasse
nous
ça nous a pas fait beaucoup d'effet
des filles qui se défenestrent
on en avait vu par chez nous
et des gars cloués bras en croix avec un sourire extatique
ça arrivait surtout au printemps
ou les nuits de grosse chaleur
Le livre est commandable ICI. Si vous êtes un(e) lecteur/trice régulier(e) de ce blog, vous savez ce qu'il vous reste à faire.
La première critique est signée François-Xavier Farine (il y évoque également un autre titre du Pédalo Ivre que je mettrai en avant sur mon blog d'ici peu).
15:40 Publié dans a.4) EDITEUR | Lien permanent | Commentaires (0)
27/01/2015
La Grèce, un jour. La grèce...
12:16 | Lien permanent | Commentaires (0)
C'est l'histoire d'une bande de potes...
07:52 Publié dans où je trouve à rire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : aguirre la colère de dieu, werner herzog, klaus kinski