26/02/2024
Formules magiques pour la chasse au phoque
Ô Nuliajuk, déesse de la mer,
quand tu étais une petite orpheline dont personne ne voulait
nous t’avons laissé te noyer.
Tu es tombée à l’eau
et lorsque tu t’es accrochée aux kayaks en pleurant,
nous t’avons coupé les doigts.
Tu as sombré dans la mer
et tes doigts sont devenus
les phoques innombrables.
Toi douce orpheline Nuliajuk,
je t’en supplie maintenant,
apporte-moi un cadeau,
rien qui soit un don de la terre
mais un don de la mer,
qui fera une bonne soupe.
Osé-je le dire tout haut ?
Je veux un phoque !
Chère petite orpheline,
faufile-toi hors de l’eau
pantelante sur ce magnifique rivage,
peuh, peuh, comme ça, peuh, peuh,
Ô cadeau bienvenu,
Sous la forme d’un phoque !
Version anglaise d’Edward Fiel, d’après Knud Rasmussen
trad. de Anne Talvaz & Christophe Lamiot Enos
extrait de l'(extraordinaire) anthologie de poésie amérindienne parue aux Presses Universitaires de Rouen et du Havre "SECOUER LA CITROUILLE" (dans la foulée du non moins extraordinaire "Techniciens du sacré")
17:52 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : secouer la citrouille, poésie amérindienne, anne talvaz, christophe lamiot enos, jérôme rothenberg
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