29/04/2013
"... il en écouta très peu jusqu'au bout."
« Nous arrivâmes à Oaxaca en début de soirée. Je garai la voiture dans une rue latérale, puis j’entraînai la Gorda vers la place, au centre de la ville. Nous cherchâmes le banc ou don Juan et don genaro s’asseyaient toujours. Il était vide. Nous nous y assîmes, dans un silence respectueux. Enfin, la Gorda me dit qu’elle était venue très souvent en cet endroit avec don juan, et aussi avec une autre personne dont elle ne parvenait pas à se souvenir.
- Avec don Juan, qu’avez-vous fait sur ce banc ?
- Rien. Nous attendions l’autocar, ou le camion de bois qui nous ramènerait dans les montagnes.
Je lui dis que sur ce banc, don juan et moi avions parlé pendant des heures.
Je lui racontai la grande passion de don Juan pour la poésie. Souvent, quand nous n’avions rien d’autre à faire, je lui lisais des poèmes. Il les écoutait selon le principe que seule la première strophe (et parfois la deuxième) mérite d’être lue ; il trouvait que le reste était de la complaisance de la part du poète. Sur les centaines de poèmes que je lui lus, il en écouta très peu jusqu’au bout. »
Castaneda, « Le don de l’aigle » (trad. Guy Casaril)
23:14 Publié dans C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon ! | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : castaneda, don juan, le don de l'aigle
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