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29/03/2006

Mercredi 29 mars

Ce week-end, à Lyon, se tient la seconde édition du festival « Quais du polar ». Rien à rajouter à mon texte de 2005 concernant les coulisses de ce festival. Et aujourd’hui, je trouve dans Lyon-Capitale cet article signé Anne-Caroline Jambaud.

« LA MEMOIRE COURTE

Dès sa 2e édition, le festival Quais du polar débaptise le Prix Agostino. Dégonflés !

L’an dernier, le festival Quais du polar avait décidé de décerner un prix du polar baptisé prix Albert Agostino parmi une sélection de polars édités. À l’époque, on avait un peu râlé, arguant que l’anar Ago aurait sans doute  pesté qu’on colle son nom sur des produits d’édition bien calibrés et sans doute un peu trop propres sur eux. Mais bon, un an après sa mort, c’était une manière d’hommage, et ça fait toujours un peu chaud au cœur.

Et puis c’est dans l’esprit gouailleur et querelleur d’Ago, journaliste claironneur, que l’idée même de ce festival est née. C’était en 2003, lors de la pose de la plaque Frédéric Dard à la Croix-Rousse, pendant une discussion entre amateurs éclairés de polar. Le cabinet du maire Gérard Collomb s’était alors saisi de l’idée de célébrer ce genre populaire, un brin anar et plutôt de gauche. Malheureusement, l’équipe de Quais du polar avait fini par liguer contre l’événement les polardeux de la ville qui, c’est vrai, ne sont pas des faciles.

Aujourd’hui, elle lâche aussi Agostino : dès la 2e édition, le prix est débaptisé. Le nom d’Albert Agostino effacé. Le prix s’intitule désormais « prix Quais du polar ». Pure démarche marketing : le festival a besoin d’attacher son nom au lauréat, de développer sa « marque ». On parle de « basculer » le prix Albert Agostino sur le lauréat du concours de la meilleure nouvelle, mais il n’en est fait mention nulle part. Et puis, ironie du sort, cette nouvelle sera publiée dans le quotidien gratuit « 20 minutes », alors qu’Ago vendait son canard au prix fort, celui de son indépendance.

La Ville de Lyon a donc l’hommage bref et la mémoire courte. Ago était pourtant un fidèle. Fidèle aussi à la ville de Lyon qu’il a beaucoup détesté parce que tant aimé.

A-C Jambaud »

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21/03/2006

Fantaisie urbaine (et inédite)

Printemps. Et pluie sur Thonon-les-bains où je co-anime un atelier en compagnie du musicien Stéphane Lam (« irrésumable », tel est l’adjectif qui lui conviendrait le mieux).

Le portable contre mon oreille, sur le bord d’un lac qui a enfin décidé à se montrer après un épisode nocturne et un autre brouillardeux, j’apprends la fin de mon aventure avec Lyon-Capitale. Il me reste quatre « Fantaisies urbaines » sur les bras. Je vous livre celle-ci :

PLACARD SEDITIEUX

Quand le lyonnais Henri Béraud (prix Goncourt en 1922, condamné au bagne vingt-trois ans plus tard) s’est baladé Place Bellecour pour écrire sa « Promenade autour du cheval de bronze », il n’a guère évoqué le Mac Do où je rédige ces lignes. On lui pardonnera cet oubli.

Dans ce lieu saturé de graisse et de sucre, borné WIFI jusque dans les toilettes, je me livre à la moins branchée des activités. Je me fais du bien. Je bouquine quelques travaux d’historiens, en parfait autodidacte. Je complète ma cartouchière, tandis qu’au dehors croissent l’arrogance des puissants et le ressentiment des sans-grades. Je finis mon menu XL en apprenant qu’à la Libération, chaque lyonnais avait perdu en moyenne dix kilos. Je découvre qu’à d’autres époques fleurissaient sur les murs de Lyon des « placards séditieux » signés « Le Povre » (sic). Je note ce genre de détails, m’amuse à lister ceux de mes contemporains qui mériteraient de se prendre ce genre de placard en pleine figure.

Je vais débarrasser mon plateau, retourne à ma place, à ma lecture et à mes « joyeurs d’espée ». J’apprends qu’en 1909 un des employés de l’usine Berliet de Monplaisir s’appelait Jules Bonnot. J’espère qu’à SEB, quelqu’un lira ces lignes.

Mes voisines de table causent de la grippe aviaire et de l’Ain tout en dévorant leurs chicken nuggets. Je continue de me piquer avec la plume de quelques érudits.

Jean Butin(1) a fait un énorme travail pour moi. Il a constaté que, sur les centaines de rues lyonnaises, quatorze d’entre elles perpétuent le souvenir d’une femme. Pas vingt, pas quinze, quatorze ! « 3 religieuses, 6 bienfaitrices, 3 résistantes, une aviatrice, et… Juliette Récamier ». Gageons qu’avec une Ségolène Royal en tête des sondages, les Collombophiles rééquilibreront la balance (mais que l’on ne compte pas sur eux pour donner à une rue le nom de l’écrivain mentionné en début de cette Fantaisie).

L’ami Gnafr’ me rejoint, les doigts pleins de ketchup lors même qu’il n’a pas attaqué son Big Mac. Il me tient un discours que je résumerai d’un « Pas de Vélo’v pour la banlieue, bien fait pour vos gueules les pauvres ». Contrairement à lui, je doute que la frustration occasionnée provoque une nouvelle « Grande Rebeyne » (du nom de l’un des plus importants soulèvements populaires qu’ait connu la ville).

Gnafr’ me tend un exemplaire du Progrès. À l’intérieur, une interview de Gérard Collomb où il est dit qu’il se Pradélise sans que cela fasse sourciller l’intéressé. Gérard tient plutôt la forme. Philippe Muray est mort. Lyon-Capitale vient de sauver sa peau. La roue tourne. Nous vivons à une époque où les duels sont interdits et les menus XXL autorisés. Préparons-nous à une grande opération de « Vivre ensemble ». 

(1) « Ces lyonnaises qui ont marqué leur temps », éditions ELAH

14/03/2006

Mardi 14 mars

Un lien obligé dont je nourris mon blog avec beaucoup de retard.

08/03/2006

Mercredi 8 mars

Ma grand-mère gît en terre picarde. Aux côtés de mon grand-père, parti quarante ans plus tôt.

Lors de l’enterrement, j’ai fixé la terre (grasse, sombre, sans doute très riche) comme jamais je ne l’ai fait.

La présence de cette terre était hallucinante.

02/03/2006

ATELIÉ D’ÈKRITUR (2)

dans le blockhaus

les profs se teignent

les cheveux

en rouge

elles en éclaboussent

les copies

qu’elles corrigent

les élèves se rongent

les ongles

mordent

leurs stylos

lèvent

un doigt

jusqu’à leur nez

lisent

le journal

gratuit

ne lisent pas

les manuels

scolaires

ne lisent pas

tout court

01/03/2006

Mercredi 1ier mars

« Expliquons-nous.

La poésie régulière, en effet, est finie. Elle s’est accomplie avec Victor Hugo, à qui nous sommes en droit de joindre un aileron sulfureux, Baudelaire, et un bouton de diamant, Mallarmé. Nous avons là un épilogue historique daté. La forme fixe s’est consommée à sa cote la plus élevée. Il est désormais impossible de rejoindre cette altitude évanouie. Pour toute perspective, la forme fixe n’a, depuis cent ans, que sa décroissance. Occupe-toi de ton minimum. Sans aucune intention moqueuse ou paradoxale je constate qu’elle ne vit que dans la chanson et qu’elle a Charles Trénet, Léo Ferré, Claude Nougaro pour ses plus solides amants. »

Audiberti, Dimanche m’attend