24/05/2018
GUIMO (Marc)
Laisse les étoiles tranquilles
leur cadastre est déjà impeccable
Laisse le cœur dans la poitrine
tu n'es pas médecin
Laisse la nuit aux veilleurs
et la nature aux espèces disparues
Laisse ton être et ton âme
picoler dans un coin
(...)
Laisse les fleurs se vendre
et adoucir les couples
Laisse tes morceaux
mijoter une heure ou dix ans
Ca va aller
n'écris pas tout de suite
Tu es trop propre
tu n'es pas prêt
Ce n'est pas toi que tu cherches
on s'en fout de toi
Tu peux calculer tous les jours
le diamètre de ta sphère
Le petit vieux marrant du rez-de-chaussée
est plus important
(...)
Marc Guimo, "La poésie, personne n'en lit"
(éditions La Boucherie Littéraire)
09:02 Publié dans C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon ! | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guimo, marc guimo, la boucherie littéraire
18/07/2017
"NUIT GRAVE" lu par Marc Guimo
"Nuit grave" n’est pas un recueil, c’est un morceau de nuit, littéralement. Un morceau de nuit tombé entre nos mains et qui au départ, on imagine, se serait fait la malle depuis le cerveau d’un homme infidèle au jour, un homme jouant à quitter l’orbite trop stable des ampoules, à franchir ses frontières domestiques pour rejoindre les routes imprévisibles et dénudées de son film noir. Ici la nuit n’est ni un pote de chambrée ni une couverture que l’on tire à soi : tout simplement, elle s’installe dans nos corps et dans nos yeux comme chez elle, posant devant nous ses valises chargées de questions : sa présence n’est plus évitable et ses tours de gardes sont les libres extensions de nos sens. Ici, on écrit blanc sur noir : le soin apporté par l'éditeur à l’impression est exceptionnel, et les pages noires s’enchainent telles des ellipses sous nos doigts : nous n’échapperons pas à la nuit dans le texte, à ses craquements d’allumettes plus tenaces que le monde qui grogne plus loin, des allumettes comme un passeport, et à vrai dire nous ne sommes pas pressés de fuir lorsqu’on nous demande d’en tenir quelques unes, chaque poème est une enquête et nous y mettons aussi notre part d’ombre, car tout le monde ne dort pas à la même heure, car tout le monde n’a pas envie de dormir.
"NUIT GRAVE" lu par Jérôme Leroy
08:09 Publié dans a.1) MES LIVRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nuit grave, marc guimo, la boucherie littéraire