10/05/2014
"... n'avoir fait que du cabotage..."
" Qu'est-ce que je sais du désespoir ? Y-a-t-il lieu de fréquenter Kierkegaard pour analyser un désespoir d'enfant ? (...) Seule la nuit m'apparaissait comme immuable et je passais mes jours à l'attendre. Bien moins pour dormir que pour m'y creuser une tanière, avec un livre et une chandelle, à l'heure où tout se taisait dans la maison. J'avais appris seul à lire et à écrire, alors que se terminait la guerre. Au moins dois-je rendre à mes parents cette justice : la maison regorgeait de livres. Ce sont eux qui ont protégé mon enfance.
Comment me débarrasser enfin de cette impression tenace qui me hante de n'avoir rien appris, mais de n'avoir fait que du cabotage le long des rives de la connaissance. "
" J'ai rencontré vraiment, dirait Dhôtel, un homme qui était un arbre. Ses feuilles s'épanouissaient au printemps, elles le quittaient à l'automne et il se sentait nu comme s'il avait encore à naître. En hiver, prétendait-il, je disparais pour me reconnaître vivant en été. Ce qui me manquait durant la saison froide, c'était les oiseaux. Je les entendais sans les voir et mon épouse me traitait de sourd. Elle n'avait toujours pas compris que j'étais un arbre, et que le temps pour elle n'était pas le même que pour moi. Un beau jour, ou plutôt un triste jour, cette conviction d'être un arbre m'a quitté, et je suis inconsolable.
Je n'éprouvais pour ma part que le sentiment d'avoir à devenir un voyou. "
" En vérité chaque heure était apéritive. J'en venais à penser que la cavale avait du bon. "
08:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : brouillard, jean-claude pirotte