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03/11/2007

Les folles d'enfer

 

 

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  Elles. Et nous. Elles, « les folles d’enfer ». On s’en occupe à la Salpêtrière, sous Louis XIV, sous Louis XV, sous Louis XVI, sous Napoléon… jusqu’à Charcot, fin XIXe. On s’en occupe des folles, on les classe, on les parque, on les dresse, on les punit. Pour leur bien, toujours pour leur bien. On ne fait pas n’importe quoi avec elles. On les répertorie. On leur applique les remèdes appropriés… pour l’époque (des saignées aux mutilations pures et simples). Le temps passe, le Progrès avance partout. Jusqu’à la Salpêtrière. Jusqu’aux folles. Elles aussi voient leur sort progresser, leurs chaînes être remplacées par… des camisoles. Elles continuent de battre la campagne, enfermées. Mises en lieu sûr (mais sûr pour qui ?).

 

Elles. Mâkhi Xenakis leur a consacré un texte, à « elles ». Aux « folles d’enfer ». « Pas un texte de théâtre, mais (…) un texte pour le théâtre », et c’est bien ce dont s’est persuadé Christian Nadin, le metteur en scène. Reste que l’entreprise s’annonçait délicate. Pour ne pas dire casse-gueule. Au terme d’un long travail avec ses deux comédiens (Bernard Gerland et Hélène Saïd, LE médecin et sa patiente au travers des âges), Nadin est parvenu à éviter les écueils qui menaçaient sa création. 

 

On peut parler des « Folles d’enfer » comme de « la mise en théâtre d’une mémoire oubliée », on n’y trouvera aucune trace de surenchère mémorielle. Nadin ne joue ni la carte de l’émotion facile, ni celle d’un quelconque intellectualisme. Nadin signe un travail intelligent au sens de « précis ». Cette exactitude, il y était tenu sous peine de voir « Les folles d’enfer » foncer dans ce mur qu’embrassent trop facilement les spectacles engagés. Nadin ne dénonce pas, il donne à voir et à entendre des témoignages qui relèvent de l’inouï. Et au final, il fait confiance à ses comédiens. Il peut. Il sait les faiblesses qui font leur force. Bernard Gerland. Comédien. Terrien. La gravité et sa loi, sans la lourdeur. Capable d’incarner l’homme dans toute sa richesse et ses contradictions, même quand il se fait le porte-voix d’une médecine inhumaine. Surtout quand il tient le mauvais rôle. « Tenir », un verbe qui sied à merveille à Bernard Gerland. Si « Les folles d’enfer » est une mise en théâtre bel et bien hantée, elle n’a rien de morbide. La métamorphose incessante d’Hélène Saïd frappe d’autant plus que jamais, à aucun moment, elle ne fait la folle. Elle ne joue pas pour Zulawski ou pour Ken Russel. Elle joue pour Christian Nadin. Elle joue pour nous. Elle déménage… sans bouger, ou presque. Elle n’est pas seule dans sa folie. À tout moment, des consœurs peuvent apparaître… au bout de ses mains, marionnettes plus-que-marionnettes. Aux yeux du spectateur, rien de plus lassant que la folie jouée. Rien de plus fascinant que l’extrême-autre incarné avec sobriété par Hélène Saïd.

 

"Les folles d'enfer",

du 8 au 25 novembre Théâtre des Marroniers, 7 rue des Marroniers Lyon 2e

(04 78 37 98 17)

merc, jeud, vend, samedi à 20h30

dim à 17h

4,5,6 décembre Théâtre Nouvelle Génération, à 20h30

23 rue de Bourgogne Lyon 9e

(04 72 53 15 15)

13 et 14 décembre Espace Culturel St-Marc, à 20h30

10 rue Ste-Hélène Lyon 2e

(04 78 38 06 06)

25/06/2007

Sébastien Joanniez

Petit flash-back :

Lundi 11 juin, journée « Théâtre Narration ». Qu’est-ce qu’une journée « Théâtre Narration » ? C’est une journée passée à découvrir et à lire à voix haute des textes d’auteurs dramatiques contemporains. Sous les bons auspices de Ghislaine Drahy. Cela se passe le plus souvent à la Villa Gillet et regroupe entre vingt et quarante personnes (de nombreux comédiens et, parfois, quelques auteurs).

Aujourd’hui, cela se déroulait au T.N.P de Villeurbanne. Et exceptionnellement, cette journée était consacrée à la découverte d’UN SEUL auteur. Vivant, bien sûr. Et présent.

Sébastien Joanniez, je le connaissais. L’avais lu. Et entendu (nous avions tous deux fait une « monstration » dans le cadre du festival des jeunes auteurs de Saint-Geoirs… Souvenir de sa lecture publique effectuée dans l’église du village et par temps d’orage, au cours de laquelle l’électricité avait sauté alors que Sébastien attaquait un paragraphe trash).

Sébastien s’est présenté. A résumé son parcours (déjà si riche pour un auteur trentenaire). De 18 à 28 ans, il est comédien, joue dans tous les théâtres de Lyon où l’on est payé à la recette, se bat pour ses projets… et s’interroge sur son métier. Fatigue. Vers la trentaine, presque par hasard, il écrit un texte qui devient son premier livre publié. L’ouvrage (destiné à la jeunesse) reçoit un prix important… Un auteur est né.

J’ai aimé la justesse de ton avec lequel Sébastien a retracé son parcours (présentant un fort dénivelé, disons…).

L’écriture de Sébastien ? J’en parle dans les deux articles qui suivent.

Il y a quelques jours, j’entendais cet aveu sortir de la bouche d’une mère de famille : « C’est le genre de gamin qui, au zoo, voit le pigeon au lieu de l’éléphant. »

Cette phrase aurait pu être signée Sébastien Joanniez.

 

C’est loin d’aller où

de Sébastien Joanniez

Limbes pour ados

Ça commence mal. Surtout pour le jeune Mathieu. Sa faute peut-être, et celle de Rico, le copain qui cogne trop fort. Du coup (c’est le mot qui convient), voilà Mathieu plongé dans un épisode plus proche du film Fight Club que de La Guerre des boutons. Le temps d’une page. D’une page qui se tourne sur tout autre chose. Après son « saut de l’ange dans les géraniums », Mathieu fait un premier constat : « Mon ventre se soulève donc je respire donc je vis donc je suis pas mort. » Pour le reste, pas de quoi pavoiser : ses yeux ne s’ouvrent plus que sur l’obscurité et son bras droit refuse de lui obéir. Mathieu se relève dans un monde pour le moins mouvant. Surviennent quelques rencontres, qui durent ce qu’elles durent. Les guides se succèdent pour permettre au garçon d’explorer un drôle de purgatoire… si cela en est un. Et Mathieu de s’avouer encore plus perdu qu’au début !

Jusqu’à Anna. Elle aussi sort d’une étrange histoire. Ils sont deux maintenant, à explorer, ramper, sauter, cauchemarder, espérer… « Mais on est où ? (…) Tant qu’on saura pas, ça sert à quoi de vouloir sortir de ce labyrinthe, si on est pas sûr que dehors c’est mieux… ? Ça sert à quoi de s’évader ? » Avec son dernier livre aux éditions du Rouergue, Sébastien Joanniez nous livre un roman très troublant. La pente qu’il nous fait gravir est glissante, et l’on a vite fait de quitter l’adolescence pour retomber en enfance. Vite fait de se faire un peu plus mal que prévu.

F.Houdaer (paru dans « Livre & Lire » en décembre 2003)

C’est loin d’aller où

de Sébastien Joanniez

Editions du Rouergue

Collection do à do

98p., 6,50€

ISBN 2 84156 494 0

 

Fred et Fred

de Sébastien Joanniez

Parfaites présences

La première phrase pose un monde : « Il était deux fois, des jumeaux qui s’ennuient ». Ils ne sont pas les seuls. « Les forêts, les champs, les rivières » suivent le même non-mouvement. Pour cause d’hiver. Et pourtant, mouvement il y a. Souterrain.

Fred et Fred. Jumeaux, donc. L’un est le reflet de l’autre. La même image. Inversée. Quand le premier se réchauffe, le second s’enrhume, etc.

Derrière eux, au texte, Sébastien Joanniez. À l’image, Nathalie Novi. Passez des mots de Joanniez aux images de Novi, c’est comme patiner sur une couche de glace très mince au travers de laquelle on aperçoit plein de choses. C’est devenir capable d’entendre d’infimes craquements annonciateurs du printemps à venir. C’est sentir la nécessité d’un dialogue permanent entre hommes, bêtes et choses. C’est s’assurer d’une certaine qualité de présence comme pour mieux passer de l’autre côté du miroir.

L’histoire « s’achève » avec une renaissance, avec un monde qui « doucement, se prépare à changer ». Elle a déjà transformé son jeune lecteur dont le regard a été retourné comme un gant.

Il est certains contes qui, non contents de vous toucher au cœur, vous font l’effet d’un massage sur vos organes internes. Ce sont les seuls contes qui vaillent.

F.Houdaer (paru dans « Livre & Lire » en décembre 2005)

Fred et Fred

de Sébastien Joanniez et Nathalie Novi

Editions Sarbacane

32p., 14,90 €

ISBN 2 84865 077 X

24/06/2007

LA FAUTE À NOVARINA

La Scène

De Valère Novarina

Éditions P.O.L

Si Valère Novarina ne manque pas d’humour, c’est que celui-ci a des propriétés explosives capables d’ébranler jusque dans ses soubassements ce que l’auteur de « Pour Louis de Funès » souhaite creuser plus avant. Mineur de fond et (vrai-faux) démiurge, Novarina bricole un monde à sa (dé)mesure, où se croisent Frégoli, Diogène, Isaïe animal ainsi que quelques « ouvriers du drame ». Se parlent-elles pour de bon, pour de vrai, ces différentes figures ? À tout le moins c’est ensemble qu’elles s’immergent dans le langage même si, très vite, « la machine à dire la suite » est de la partie. Et ce redoutable prompteur de chair menace de tout écraser sur son passage : « … À Mende-Ouest, le président autoproclamé Jean-Bernard Pilousseau a pris ce matin un bain de foule, sans y accorder le moindre crédit. Ni sans remettre en cause d’ailleurs le droit des peuples à s’indisposer continuellement les uns les autres –et ce, malgré les dénégations légitimes des représentants patentés de l’entité beauceronne… »

Contre, avec, malgré ce chœur télévisuel permanent, c’est tout le théâtre qui redevient machine de guerre, recycle tous azimuts, jacte à tout va tel un lapin malin qui retourne le fusil du chasseur contre l’homme botté. Novarina ne fabriquait-il pas, enfant, ses propres Legos en fondant certains de ses jouets de plastique dans des moules artisanaux ? L’anecdote en dit plus long sur son théâtre que bien des exégèses. « D’acte lamentable » en « acte inconnu », l’inouï prend langue grâce à lui.

F.Houdaer

La Scène

De Valère Novarina

Éditions P.O.L

208p., 16 euros

ISBN 2 86744 983 9

http://www.novarina.com/

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18/06/2007

Servir autrement

Sur la scène du théâtre, quelques accessoires censés faire illusion. Dont un clavier d'ordinateur. Celui sur lequel j'ai tapé mes premiers textes (et romans).

07:10 Publié dans planches | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, écriture

30/06/2006

Vendredi 30 juin

Un lien vers une vidéo relatant ma lecture (im)mobile, voir note du 17 mai.

 

Autrement ? Je relis ce blog. J’élague, j’élague pas ? Je décide de ne pas virer la citation d’Olivier Py en date du 24 février, malgré sa prise de position écœurante dans l’affaire Handke. Ce n’est pourtant pas l’envie de censurer les inquisiteurs qui me manque… Je préfère me souvenir de ma découverte de « La servante », la première pièce de Py que j’ai lue.

 

Handke. Une phrase de lui : « Ecrire, c’est être attentif à la manière dont on vit. »

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18/05/2006

Jeudi 18 mai

Dommage pour les lyonnais(es) qui ont raté la rencontre avec Fabrice Melquiot à la bibliothèque de La-Part-Dieu.

Question : les effets secondaires d’une pareille rencontre durent combien de temps ?

17/05/2006

Mercredi 17 mai

Lecture (im)mobile avec le bureau des (h)auteurs. J’avais deux contraintes : le sujet du texte à écrire (« c’est ma femme qui décide »), et le lieu de la lecture à voix haute : dans ma voiture !

Deux jours plus tôt, lors d’une expérience spirituelle intense, j’avais ouvert les yeux sur cette terrible vérité : je partage avec François Hollande les mêmes initiales !

Fort de cette découverte, j’ai écrit un texte dans lequel j’incarne François Hollande… en train de donner sa première leçon de conduite à sa très chère Ségolène. Ce soir, j’ai joué mon texte. Une trentaine de personnes se sont succédées dans ma voiture. À chaque lecture, une Ségolène différente à mes côtés. Mon seul regret : n’avoir accueilli aucun élu dans ma caisse. Je me serais fait encore plus mordant.

Pour finir, Judith, Leïla, Pierre et moi-même avons partagé la même voiture pour partager nos textes, entre (h)auteurs.

24/02/2006

Py

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« Nous avons remplacé le sublime par l’art au nom du sublime. Nous avons remplacé l’art par de la culture au nom de l’art. Nous avons remplacé la culture par du culturel au nom de la culture. Nous avons remplacé le culturel par de la communication au nom du culturel. Nous avons remplacé la communication par une tombola au nom de la communication. Et nous avons remplacé la tombola par la tombola et la tombola par une tombola et la pensée et la démocratie et le désir par une tombola démocrate, une tombola bien pensante et une tombola désirante. »

 

Olivier Py, Epître aux jeunes acteurs pour que la parole soit rendue à la parole (Actes Sud)

15/09/2005

Up Date

Comme prévu, je suis sur une création dans le cadre du festival Up Date. Quatre journées de folie, d’urgence, etc. Je pensais m’en tirer avec une lecture-performance dans un coin de la scène, tandis que le reste du groupe (une comédienne, un vidéaste et un musicien) attirerait l’attention du public.

Au lieu de cela… demain soir, vendredi 16, à 20h00, sur le parking du 8/9 quai Arloing, vous pourrez me voir jouer la comédie (avec puis sans masque), chanter, danser… C’est gratuit, et les responsables sont à chercher du côté de Là Hors De.

Un jour, il faudra que j’apprenne à répondre « non » aux propositions de certaines comédiennes.

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L.Mattotti