24/06/2007
LA FAUTE À NOVARINA
La Scène
De Valère Novarina
Éditions P.O.L
Si Valère Novarina ne manque pas d’humour, c’est que celui-ci a des propriétés explosives capables d’ébranler jusque dans ses soubassements ce que l’auteur de « Pour Louis de Funès » souhaite creuser plus avant. Mineur de fond et (vrai-faux) démiurge, Novarina bricole un monde à sa (dé)mesure, où se croisent Frégoli, Diogène, Isaïe animal ainsi que quelques « ouvriers du drame ». Se parlent-elles pour de bon, pour de vrai, ces différentes figures ? À tout le moins c’est ensemble qu’elles s’immergent dans le langage même si, très vite, « la machine à dire la suite » est de la partie. Et ce redoutable prompteur de chair menace de tout écraser sur son passage : « … À Mende-Ouest, le président autoproclamé Jean-Bernard Pilousseau a pris ce matin un bain de foule, sans y accorder le moindre crédit. Ni sans remettre en cause d’ailleurs le droit des peuples à s’indisposer continuellement les uns les autres –et ce, malgré les dénégations légitimes des représentants patentés de l’entité beauceronne… »
Contre, avec, malgré ce chœur télévisuel permanent, c’est tout le théâtre qui redevient machine de guerre, recycle tous azimuts, jacte à tout va tel un lapin malin qui retourne le fusil du chasseur contre l’homme botté. Novarina ne fabriquait-il pas, enfant, ses propres Legos en fondant certains de ses jouets de plastique dans des moules artisanaux ? L’anecdote en dit plus long sur son théâtre que bien des exégèses. « D’acte lamentable » en « acte inconnu », l’inouï prend langue grâce à lui.
F.Houdaer
La Scène
De Valère Novarina
Éditions P.O.L
208p., 16 euros
ISBN 2 86744 983 9
08:05 Publié dans où je lis, planches | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : novarina, théâtre, de funes, frégoli, diogène
Commentaires
La parole, en vérité désespérée, débouche sur le silence définitif.
Écrit par : RatVit | 25/06/2007
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