09/03/2022
B. POUR B.
le jeu de Ben Gazzara
dans le rôle de Charles Bukowski
a suscité beaucoup de critiques
quelque soit la sympathie que l’on peut avoir pour
l’acteur et sa filmographie
et Buk himself n’a pas été des plus tendres
à l’égard du film de Ferreri
au-delà des jeux d’égos
de la mauvaise foi des uns et des autres
de savoir qui-se-servait-le-plus-de-qui
et de tout ce qui a bien vieilli dans ces
Contes de la folie ordinaire
de tout ce côté théâtral digne d’un Fassbinder
je me demande sincèrement
ce qu’un acteur
aussi talentueux soit-il
peut bien comprendre à la solitude
d’un auteur
quand bien même celui-ci a fait son cabot à ses heures
pas de malentendu entre nous
j’ai plus de considération pour les bons acteurs
que pour les mauvais écrivains
mais Bukowski avait certainement pigé deux-trois trucs
que Gazzara n’a fait qu’effleurer
dans sa vie
j’ai eu l’occasion d’échanger avec un ami parisien
de Ben Gazzara
je me base sur le portrait qu’il m’en a fait
portrait qui n’avait rien d’antipathique au demeurant
mais le mec n’avait renoncé à aucun hochet
et pourquoi l’aurait-il fait d’ailleurs ?
Bukowski n’était obligé à rien
Gazzara également
tout comme Ferreri
et toi cher lecteur
toi qui attends que je te parle d’Ornella Muti en train de
se percer les joues
tu peux
toi aussi
t’autoriser bien plus
que tu ne l’imagines
F.H.
(extrait de Pile Poil)
10:52 Publié dans a.2) MES TEXTES, où je zieute des images qui bougent | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : bukowski, gazzara, ferreri, les contes de la folie ordinaire, pile poil, muti
Commentaires
Jim Harrison par exemple n'a jamais jamais considéré que le boulot de son ami Jack Nicholson était inférieur au sien. Lire ou relire son poème qui lui est dédié dans "Théorie etc"...
Ferreri a plus de génie que Bukowski, du coup le Buk a ouvert sa grande gueule une fois de plus comme le fox-terrier aboie après le dogue qui passe dans sa rue. C'est pas le meilleur film de l'Italien, c'est clair, mais quand on arrête de le regarder avec le filtre bukowskien il est plus qu'honorable. Il y a quand même deux trois bricoles qui valent le détour, et la scène du poème conclusif est sublime. Ornella, oui, bah là, c'est bof bof... Quelle idée... Elle jure un peu.
"Barfly", qui avait les faveurs du Buk, n'est pas si génial non plus, sauf si on kiffe son autocongratulation pathétique du pilier de comptoir qui lève des demi-traînées et finit une fois par semaine au fond d'une cours dans une baston minable. Mais là encore quelques belles choses.
Non, pour moi, il n'y a qu'un excellent film le concernant et c'est "Factotum". Là on est dans le meilleur de Bukowski. L'intime, le type qui se parle à lui-même, plus proche de cette sensibilité que l'on retrouve dans sa correspondance que de la fresque provocatrice ou des bons mots faciles jugeant à l'emporte-pièces et qui ont été fait cent fois mieux et plus finement, et même plus sauvagement, par d'autres. Ce Buk-là me fatigue aujourd'hui, bien que je l'ai beaucoup aimé il y a longtemps. Je trouve de toute façon la poésie de Carver plus juste, plus honnête en ce domaine (même si...). Et puis Matt Dillon a parfaitement capté l'autre Buk. Celui "hors public", celui seul avec lui-même, celui qui a l'œil et à qui rien n'échappe.
Écrit par : Stéphane Bernard | 11/01/2021
Oh et puis merde... Moi aussi je devrais éviter d'ouvrir ma gueule, je me fatigue moi-même ^^
Écrit par : Stéphane Bernard | 11/01/2021
Totalement d'accord pour "Factotum", et... ce n'est peut-être pas clair dans ce poème, mais j'ai aimé le film de Ferreri (un nouveau livre lui est consacré chez Capricci, voir notule précédente), Stéphane.
Écrit par : Frédérick Houdaer | 11/01/2021
Ah mais j'avais remarqué. Pour les deux. Que tu aimais le film et pour le livre sur le Marco. En tout cas ça m'a donné envie de revoir "Factotum" !
Écrit par : Stéphane Bernard | 11/01/2021
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