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14/06/2014

Où l'on n'a pas fini de faire le tour de "No Parking No Business"...

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« Et rebelote ! Peu de temps après Fire Notice, l'ami Frédérick avec No Parking No Business nous en rejoue un air, pas de flûtes, bien sûr, au contraire, puisqu'il revient, mais de poésie, et de sa meilleure, celle qu'il garde pour les amis et ne sort qu'à l'occasion. Alors, puisqu'il nous invite, allons voir ce qu'il nous offre.

Qu'y a-t-il dans son livre ?

Eh bien, un peu de tout, en vrac posé là dans les pages, et qui pourrait faire embrouillamini s'il n'y avait un liant, lui, très présent et soucieux de ses invités au point de toujours leur arranger au mieux les douceurs qu'il leur tend. La télé, un article, des choses qui se décantent, des journaux gratuits, un poète, Diane, une dernière phrase, un tatoueur, Drieu, la rue Hénon (au numéro 105 plus précisément), un orage, le marché de la poésie à Paris, une lolita qui pleure, un dos-qui-fait-mal, des problèmes au boulot... Ce n'est pas fini, et j'en passe, j'en oublie dans les petits coins... Lyon, un frigo chinois chargé de drogue, une fillette qui s'étouffe, Antigone (de passage, et à son aise), un ami, un violoniste qui joue du violon, une séance chez le dentiste avec des ouvriers en bas du cabinet qui font la pose sans ôter leur masque à poussières, une fleur de lys (maniée avec précaution), la lune, des verres à moutardes (en guise de madeleines), l'Islam (avec une majuscule et des précautions là aussi), un concert au cours duquel Frédérick s'est gratté le mollet droit (l'importance du fait m'avait échappé, mais, et je le dis sans ironie, je la perçois maintenant), un "Je n'ai pas de temps à perdre avec quelqu'un d'aussi speed que vous ", Louis-Ferdinand (pour une fois pas en train de râler), une quasi noyade en piscine suivie d'un comptage de grains de beauté (49 exactement), la France aussi (bien elle, en quatre pages qui sans enterrer Michelet l'accompagnent), la vie en somme, et vue en poète, une seule et même chose chez Frédérick.

Tout saute chez lui, la ponctuation, les effets, les comédies on pourrait dire, par goût et aussi un peu parce que l'époque le lui demande (bien qu'un jour j'en suis sûr par provocation il nous écrira un sonnet bien musical, deux quatrains, deux tercets, rimes embrassées, les féminines et les masculines), mais il garde toujours, même nue, la langue, il ne la lâche pas. Avec lui on va loin dans l'"international libre", mais tout de même pas jusqu'à la "poésie vroum-vroum".

Le poète est révolutionnaire, sinon il n'est rien, ou journaliste au mieux, mais la révolution, d'autres l'ont déjà dit, il faut savoir l'arrêter. Quatre-vingt-neuf, c'est bien, on peut parler d'un progrès, mais attention, si on pousse un peu arrive quatre-vingt-treize, Guillotin, la Vendée, qui pour le moins gâchent un peu. En poésie, c'est pareil, il faut aller loin, en permanence, avec les autres si possible, mais ne pas franchir l'inhumain, l'abandon du langage en l'occurrence, ce serait criminel. Voilà la position de Frédérick, qu'il nous demande de dire partout, vu que son esthétique et la modernité lui interdisent de le faire dans ses poèmes, il ne peut pas attraper son lecteur à la rime, à l'allitération, à l'assonance, il n'a que le poids des mots avec lui, ce qui à notre époque très légère est un sérieux handicap.

Alors chantons-le partout qu'avec lui on a une poésie du détail, du concret, de l'anecdote, moderne, mais pas en diable, qui ne repousse pas le lecteur, au contraire, qui l'invite plutôt (par un humour en coq-à-l'âne souvent), qui cherche à s'en faire un ami, pour avec lui le temps de quelques pages se retrouver en frères dans le seul lieu où c'est peut-être au fond possible : le langage. »

 Marc Pellacoeur

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