20/05/2019
Chany (bis)
Nous avons compris leur valse macabre. Nous danserons ailleurs. Nous avons la patience enflammée qui nous garde de l’aigreur comme de l’assujettissement. (…) Et, dès lors, nous ne marchons plus seuls : des appels nous escortent. Nous fuyons la fuite et cela ne va pas tout seul : nous sommes en éveil permanent, malgré ce qui peut paraître. Nous ne chanterons pas la romance qui calme, ni le système engourdissant. Nous essaierons de faire des feux de joie, malgré tout : nous aurons donc beaucoup d’ennemis. Les phraseurs nous emmerderont, à n’en point douter. Si ce n’est que cela, nous aurons le plaisir de rire à perdre le souffle. Un enfant jouant au bilboquet nous sauvera toujours de la déroute.
Alain Chany, « Vessies et lanternes », éd. de L’Olivier (collection « Replay »)
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27/04/2019
"Vessies et lanternes"
Mon métier consiste à se méfier des mots. En dépit des apparences, il s’agit là d’un travail de force qui mérite d’être récompensé. L’Etat m’autorise un litre de vin par jour, ce qui me semble peu, vu l’ampleur de ma tâche (…)
Marie-Jeanne s’inquiète de mon silence qui, pense-t-elle, veut en dire long. Elle attend de moi des phrases que je ne saurais prononcer. C’est qu’elle m’a pris pour mes poèmes.
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