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14/12/2020

Anouilheries #3

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Hector : - Vous êtes cruelle.

Eva : - Vous me déplaisez. C’est ma façon de vivre ; je suis cruelle avec ce qui me déplaît. Mais en revanche, quand quelqu’un me plaît, je suis capable de tout.

- Ah ! Pourquoi ne puis-je pas réussir à vous plaire une seconde fois ?

- Vous le savez bien, vous n’êtes plus le même.

- Quelle horrible absence de mémoire ! Je vous l’ai dit, ce déguisement, c’était une fantaisie d’aristocrate (…).

- Je conserve avec plaisir le souvenir d’un jeune homme qui m’a parlé dans le parc. Retrouvez-le. J’en serai peut-être encore amoureuse.

- C’est une aventure ridicule ! Si vous consentiez au moins à me mettre sur la voie. Dites-moi seulement si j’avais une barbe quand je vous ai plu.

- Je vous ai répondu que cela ne m’amuserait plus si je vous le disais.

- Vous reconnaissez ma voix, mes yeux pourtant ?

- Oui, mais cela ne suffit pas.

- J’ai la même taille ! Je suis grand, bien fait. Je vous assure que je suis bien fait.

- Je ne crois qu’aux visages.

- C’est horrible ! Je ne retrouverai jamais sous quelle forme je vous ai plu. Ce n’était pas en femme, au moins ?

- Pour qui me prenez-vous ? 

 

Anouilh, « Le bal des voleurs » (illustration : Eduard Thöny)

 

 

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