22/08/2021
R.I.P. Jack Hirschman
" Tout d'un coup les morts j'ai plus envie de m'en souvenir
et mes bons sentiments ne crèvent plus d'envie de poème.
Un calme irrésistible m'emporte, allongé
dans ma chambre d'hôtel à San Francisco.
Les tâches à faire, la révolte dans mon stylo,
tout a capitulé devant cette détente
une rêverie sur rien de précis.
Dehors, le monde : sifflements et tornades,
mais je me penche plutôt sur les poils de mon torse.
Ca fait quarante ans qu'ils sont là - ou plus -
du diable si je les ai remarqués avec tout ce boulot,
et maintenant ils virent au gris.
Tout d'un coup je sens que je les ai ratés, eux
et leur rousse jeunesse, leur art mystérieux d'attirer
des foules de baisers sur la peau qui se cache par en-dessous.
Ils ne m'ont pas vraiment beaucoup intéressé,
encore moins au point de vue sensuel,
et maintenant ils seront bientôt blancs, et qu'est-ce que je peux en dire ?
Qu'ils ne m'appartenaient pas ?
Qu'ils ne signifiaient pas grand'chose ?
Quand on aborde cette vieille route du corps
tout le monde TOUT DOIT ETRE CARESSE * "
Jack Hirschman (trad. G.B.Vachon)
* Cette fin de vers est tirée d'un poème de Whitman
Jack Hirschman, au Cabaret Poétique du 8 mars 2015 !
22:44 Publié dans C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon ! | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : jack hirschman, whitman, walt whitman, gilles bernard vachon, le temps des cerises, j'ai su que j'avais un frère, hirschman
Commentaires
c'est drôlement beau... faudra vraiment que je vienne à Lyon un de ces 4 !
Écrit par : mu | 21/03/2015
me suis permise de relayer sur mon blog
Écrit par : mu | 21/03/2015
Tu as bien fait, Murièle. Heureux de t'avoir fait découvrir ce sacré bonhomme (83 ans au compteur l'autre dimanche quand il est passé au Cabaret Poétique... Une merveille de disponibilité !). Quant au recueil dont est tiré ce texte, il était devenu introuvable et vient d'être réédité au Temps des Cerises. Satisfaite ou remboursée, Murièle !
Écrit par : Frédérick Houdaer | 22/03/2015
Les commentaires sont fermés.