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15/08/2025

"mon coeur se serrait"

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La houle de l'océan balançait l'Hispaniola en un roulis continuel. Les bômes tiraient sur les poulies, le gouvernail battait à droite et à gauche, et le vaisseau tout entier craquait, gémissait et tressautait comme un atelier plein de machines. Je devais m'agripper aux haubans, car tout tournoyait et me donnait le vertige. Je n'étais pas un mauvais marin tant que le bateau avançait, mais quand il restait sur place, ballotté comme une bouteille, j'échappais mal à la nausée, surtout le matin sur un estomac vide.
Peut-être pour cette raison - ou peut-être était-ce l'apparence de l'île, avec ses forêts grises et mélancoliques, ses farouches clochers de pierre, le ressac que nous pouvions voir et entendre, jetant son écume en grondant sur les rives escarpées -, toujours est-il que le soleil avait beau briller clair et chaud, les oiseaux marins pêcher et crier autour de nous, et on aurait pensé que n'importe qui se serait réjoui de toucher terre après une si longue traversée, mon coeur se serrait ; et dès ce premier coup d'oeil, j'ai détesté l'idée même de l'Île au Trésor.

Stevenson, L'île au trésor (trad. de Jean-Jacques Greif)