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17/12/2018

Hommes qui sourient (pas)

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16/12/2018

JOURD'HUI...

CABARET POETIQUE !

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Au Périscope, à 17h, entrée gratuite...

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Avec Béatrice Brérot, Cédric Lerible & Kevin Prost.

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14/12/2018

Remise à niveau (english) # 108

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10/12/2018

Alchimie

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“ Quelle est la matière que les alchimistes avaient choisie pour point de départ ? (...) Ecoutons ce qu’en écrivirent les Adeptes. Selon Ruscepissa, la matière de la pierre (philosophale) est une chose de peu de prix, que l’on peut trouver partout; Morien lui fait écho, affirmant que : Unique est la matière et en tout lieu les riches et les pauvres la possèdent; elle est inconnue de tous, elle est devant les yeux de tous; elle est méprisée du vulgaire qui la vend à peu de prix comme de la boue, mais le philosophe qui la comprend la tient pour précieuse. ”

Extrait de “Alchimie, le grand secret” d’Andréa AROMATICO

 

06/12/2018

Extrait du discours de Kundera...

... à la réception du prix Jérusalem (1985). Précisons que l'auteur a tenu à recevoir cette récompense en sa qualité de "romancier". Je vous copie-colle ce passage en réponse à certaines prises de parole-position que je vois circuler sur les réseaux sociaux :

 

" Le romancier est celui qui, selon Flaubert, veut disparaître derrière son oeuvre. Disparaître derrière son oeuvre, cela veut dire renoncer au rôle de personnalité publique. Ce n'est pas facile aujourd'hui, où tout ce qui est tant soit peu important doit passer par la scène insupportablement éclairée des mass media, qui, contrairement à l'intention de Flaubert, font disparaître l'œuvre derrière l'image de son auteur. Dans cette situation, à laquelle personne ne peut entièrement échapper, l'observation de Flaubert m'apparaît presque comme une mise en garde : en se prêtant au rôle de personnalité publique, le romancier met en danger son oeuvre, qui risque d'être considérée comme un simple appendice de ses gestes, de ses déclarations, de ses prises de position. Or non seulement le romancier n'est le porte‑parole de personne, mais j'irais jusqu'à dire qu'il n'est même pas le porte‑parole de ses propres idées. Quand Tolstoï a écrit la première esquisse d'« Anna Karenine », Anna était une femme antipathique et sa fin tragique n'était que justifiée et méritée.

La version définitive du roman est bien différente. Mais je ne crois pas que Tolstoï ait changé entre‑temps ses idées morales ; je dirais plutôt que, pendant l'écriture, il écoutait une autre voix que celle de sa propre conviction morale. Il écoutait ce que j'aimerais appeler la sagesse du roman. Tous les vrais romanciers sont à l'écoute de cette sagesse suprapersonnelle, ce qui explique que les grands romans sont toujours un peu plus intelligents que leurs auteurs. Les romanciers qui sont plus intelligents que leurs oeuvres devraient changer de métier.

Mais qu'est‑ce que cette sagesse, qu'est‑ce que le roman ? Il y a un proverbe juif admirable : « L'homme pense, Dieu rit. » Inspiré par cette sentence, j'aime imaginer que François Rabelais a entendu un jour le rire de Dieu et que c'est ainsi que l'idée du premier grand roman européen est née. Il me plait de penser que l'art du roman est venu au monde comme l'écho du rire de Dieu.

Mais pourquoi Dieu rit‑il en regardant l'homme qui pense ? Parce que l'homme pense et la vérité lui échappe. Parce que plus les hommes pensent, plus la pensée de l'un s'éloigne de la pensée de l'autre. Enfin, parce que l'homme n'est jamais ce qu'il pense être. C'est à l'aube des Temps modernes que cette situation fondamentale de l'homme, sorti du Moyen Age, se révèle : Don Quichotte pense, Sancho pense, et non seulement la vérité du monde mais la vérité de leur propre moi se dérobe à eux. Les premiers romanciers européens ont vu et saisi cette nouvelle situation de l'homme, et ils ont fondé sur elle l'art nouveau, l'art du roman.

François Rabelais a inventé beaucoup de néologismes qui sont ensuite entrés dans la langue française et dans d'autres langues, mais un de ces mots est resté oublié et on peut le regretter. C'est le mot agélaste ; il est repris du grec et veut dire : celui qui ne rit pas, qui n'a pas le sens de l'humour. Rabelais détestait les agélastes. Il en avait peur. Il se plaignait que les agélastes fussent si atroces à son égard qu'il avait failli cesser d'écrire, et pour toujours.

Il n'y a pas de paix possible entre le romancier et l'agélaste. N'ayant jamais entendu le rire de Dieu, les agélastes sont persuadés que la vérité est claire, que tous les hommes doivent penser la même chose et qu'eux‑mêmes sont exactement ce qu'ils pensent être. Mais c'est précisément en perdant la certitude de la vérité et le consentement un­anime des autres que l'homme devient individu. Le roman, c'est un paradis imaginaire des individus. C'est le territoire où personne n'est possesseur de la vérité, ni Anna ni Karenine, mais où tous ont le droit d'être, et Anna et Karenine. C'est dans l'art roman que l'individualisme européen, pendant quatre siècles, se confirmait, se créait, se développait.

Dans le « Tiers Livre » de Gargantua et Pantagruel, Panurge, le premier grand personnage romanesque qu'a connu l'Europe, est tourmenté par la question : doit‑il se marier ou non ? Il consulte des médecins, des voyants, des professeurs, des poètes, des philosophes, qui à leur tour citent Hippocrate, Aristote, Homère, Héraclite, Platon. Mais après toutes ces énormes recherches érudites qui occupent tout le livre, Panurge ignore toujours s'il doit ou non se marier. Nous, lecteurs, nous ne le savons pas non plus mais, en revanche, nous avons exploré sous tous les angles possibles la situation aussi comique qu'élémentaire de celui qui ne sait pas s'il doit ou non se marier.

L'érudition de Rabelais, si grande qu'elle soit, a donc un autre sens que celle de Descartes. La sagesse du roman est différente de celle de la philosophie. Le roman est né non pas de l'esprit théorique mais de l'esprit d'humour. Un des de l'Europe est de n'avoir jamais compris l'art le plus européen ‑ le roman ; ni son esprit, ni ses immenses connaissances et découvertes, ni l'autonomie de son histoire. L'art inspiré par le rire de Dieu est, par essence, non pas tributaire mais contradicteur des certitudes idéologiques. A l'instar de Pénélope, il défait pendant la nuit la tapisserie que des théologiens, des philosoph­es, des savants ont ourdie la veille."

 

03/12/2018

Sacré-Coeur

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Comme chaque mois, une image prise depuis ma piaule sous les toits.

 

01/12/2018

What's new, doc ? Cioran !

Jamais fait partie des Cioranophiles, ni des Cioranophobes. Pourtant, je me suis régalé à la lecture de ses "Entretiens". Au point d'éclater de rire (je ne me paye pas de mots) devant certaines de ces pages.

Pour ceux "qui ne verraient pas le rapport", je recopie les premières lignes du premier entretien:

 

François Bondy : Comment avez-vous eu cet appartement au sixième étage, d’où l’on a une vue magnifique sur les toits du quartier latin ?

Cioran : Grâce au snobisme littéraire. J’en avais assez depuis longtemps déjà de ma chambre d’hôtel de la rue Racine et j’avais demandé à une agente immobilière de me chercher quelque chose, mais elle ne m’avait rien montré. Je lui ai alors envoyé un livre que je venais de faire paraître, avec une dédicace. Deux jours plus tard, elle m’a conduit ici, où le loyer –croyez-le ou non- vaut à peu près cent francs, ce qui correspond à mes moyens d’existence. C’est comme cela avec les dédicaces d’auteurs. La séance de la signature chez Gallimard, chaque fois qu’un livre paraît, est une chose qui m’ennuyait et une fois j’ai négligé de signer la moitié de mon contingent de livres. Je n’ai jamais eu d’aussi mauvaises critiques. C’est un rite et une obligation. Même Beckett ne peut pas s’y soustraire. Joyce n’a jamais pu le comprendre. On lui avait dit qu’à Paris un critique attend toujours une lettre de remerciement de l’auteur quand il en a dit du bien. Et une fois il a consenti à envoyer à un critique qui avait publié une étude importante sur lui une carte de visite avec ses salutations. Mais l’autre a trouvé cela trop laconique et n’a plus jamais rien écrit sur Joyce.

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Dans un autre registre (et dans un autre entretien du livre), Cioran évoque de façon émouvante la figure d'un ami :

 

Esther Seligson : Quelle a été votre relation avec Michaux ?

Cioran : Je l’ai connu il y a plus de trente ans. Nous nous sommes très bien entendus, et nous avons toujours été amis. Nous parlions des heures au téléphone, et nous nous voyions tout le temps. L’âge en lui ne comptait pas, car il a toujours été vif, combatif, critique et drôle, curieusement épargné par la vie. Je me sentais plus vieux que lui. Il n’avait pas cette amertume qui nous vient avec les années, et je le surprenais souvent en flagrant délit d’optimisme. Il était très railleur et ironique. Il donnait l’impression d’être hors du monde, mais en fait, il était toujours au courant de tout, du cinéma, surtout. Sa vie a été une réussite, puisqu’il a fait exactement ce qu’il a voulu. Il a écrit, approfondi. Ce n’était pas un raté (la plupart d’entre nous le sommes dans une certaine mesure. Pour moi, la réussite est justement d’être un raté, encore que j’eusse pu mieux faire), et c’est pour cela que sa mort n’a rien de triste. (…) Je lui reprochais de s’affliger de la probable disparition de l’homme ; cet aspect naïf de la part d’un être aussi lucide et intelligent me surprenait.

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