28/10/2024
Séance de rattrapage
MONSIEUR VINCENT (Maurice Cloche, 1947)
Temps de confinement et de castes (« Toute ressemblance…, etc. »). Pierre Fresnay, en pitt-bull de Dieu, fonce sans se laisser impressionner, ni par la peste ni par le seigneur du village maudit dans lequel il débarque. Les dialogues d’Anouilh, très discrets au début de ce qui ressemble à un western, s’imposent progressivement. La misère succède à la misère, les galériens aux paysans, les puissants aux puissants. Monsieur Vincent, toujours aussi peu souple et très loin de maîtriser les « codes », traverse pourtant les différentes strates du pouvoir dans la France du XVIIe. Oui, mais… A quelle fin ? A quel prix ? Voilà qu’on tente de le récupérer. Il commence à fatiguer. Il s’interroge sur les prochaines actions à poser. Quel serait le meilleur moyen de… Il hésite à saisir certaines mains (baguées) qu’on lui tend. Il vieillit sans que s’use ce qui l’anime.
Devant lui, Richelieu soliloque, des chatons plein les mains. Les riches sont sourds et aveugles, les pauvres effrayants et souvent féroces. Pierre Dux, en chancelier, propose sa solution pour éradiquer la misère parisienne : incarcérer les « sans dents » (comme le disait un président de gauche). Monsieur Vincent continue de vieillir avec un train de retard face au cynisme de ceux qu’il rencontre au sommet. Est-ce que cela l’empêche d’accomplir ce qu’il porte en lui ? Il finit toujours par trouver des alliés là où il ne s’y attendait pas.
Force est de constater que ce film vieux de plus de soixante-dix ans (et qui décrocha en son temps l’Oscar du meilleur film en langue étrangère) reste très supérieur aux biopics les plus édifiants de ces dernières années.
Et Pierre Fresnay est formidable de bout en bout.
21:03 Publié dans où je zieute des images qui bougent | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vincent de paul, pierre fresnay, fresnay, monsieur vincent, saint vincent de paul