14/08/2016
APPELEZ CELA COMME VOUS VOULEZ
j’écris de la poésie
parce que le dé en a décidé ainsi
nulle référence à Mallarmé dans cette remarque
j’ai numéroté mes différents chantiers d’écriture
j’ai attribué le 1 à mon roman en cours
le 2 à l’essai sur Corbière que l’on m’a commandé
le 3 à mon journal
le 4 à la poésie
le 5 à la mise à jour de mon blog
le 6 à ma correspondance
j’ai lancé le dé qui ne me quitte jamais
un joli dé en buis
j’ai obtenu un 4
et je vous offre ce poème
F.Houdaer
06:15 Publié dans a.2) MES TEXTES | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : dé
21/07/2016
CHEZ ZUCKERBERG
sur les photos de l’évènement
auquel j’ai participé
j’apparais vieilli
et gonflé au niveau du visage
ma belle chemise avec son imprimé fougère
ne peut plus rien pour moi
je suis entouré de jolies filles
elles ont toutes l’air de porter un prénom
qui commence ou finit par la lettre « a »
j’effectue un zoom sur l’une d’elles
et compte le nombre de grains de beauté sur ses épaules
après
je me recouche
F.Houdaer
10:56 Publié dans a.2) MES TEXTES | Lien permanent | Commentaires (0)
13/04/2016
G.
quand j’étais petit
passait souvent à la télévision
un magicien avec un fort accent portugais
dont la spécialité
était de rater et de réussir tout à la fois les tours
qu’il proposait
si on lui demandait de faire apparaître un lapin
sous un couvre-chef
il ne parvenait à en faire sortir
qu’une ou deux colombes
si on lui réclamait des colombes
c’était une souris qui émergeait de nulle part
au milieu d’un tour de cartes
je pense souvent à cet homme
qui devait travailler en amont
chacun de ses ratages
quand je commence à écrire un poème
j’attends qu’un drôle d’accent me rattrape
moi aussi
et je néglige les mini-crottes
qui roulent jusqu’au fond de mes manches
F.Houdaer
extrait de "PARDON MY FRENCH", à paraître en juin (pour le Marché de la Poésie Place Saint-Sulpice) aux Editions Les Carnets du Dessert de Lune
07:14 Publié dans a.2) MES TEXTES | Lien permanent | Commentaires (3)
09/03/2016
LUNDI DERNIER (un mauvais poème mais un bon reportage municipal)
sous les lambris d’un hôtel de ville de province
le poète va chercher son prix
se fend d’un discours
dans lequel il dit « merci à la drogue »
sans oublier de saluer d’autres auteurs
tout aussi intoxiqués que lui
les notables présents ne mouftent pas
ils sont trop forts
ou ils sont morts
08:18 Publié dans a.2) MES TEXTES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : thomas vinau
27/02/2016
27 février 33, incendie du Reichstag
TEMPS SCOLAIRE
ado
encadré par mes profs
j’ai vu un documentaire sur la seconde guerre mondiale
dans lequel les méchants étaient bien désignés
je me souviens de ces images
consacrées à l’incendie du reichstag
des images consacrées au procès qui a suivi
des images de ce pauvre type
un jeune communiste
soit-disant incendiaire
soit-disant récidiviste
je me souviens
en découvrant les traits de ce coupable idéal
avec quelle intensité j’ai ressenti
que ce type n’avait pas la moindre chance
de sauver sa tête
c’est comme si toute la machinerie habituellement invisible
qui vous broyait un homme en moins de deux
m’était apparue
comme un sale
très sale effet spécial
comme le monstre de « Planète interdite »
j’ai eu raison d’en conclure que
les pensées dessinent des formes dans l’air
et des formes le plus souvent effrayantes
j’ai eu tort de partager cette déduction
avec ma prof
08:47 Publié dans a.2) MES TEXTES, Ephéméride | Lien permanent | Commentaires (2)
18/02/2016
LE MEILLEUR DE SOI
le festival de poésie touche à sa fin
on empile les chaises
on chasse les mégots
pour nettoyer le parc
on fait une croix
sur les occasions manquées
le festival touche à sa fin
on n’est pas sûr d’avoir entendu
d’avoir compris
tous les mots
on en a trop entendus
on en a trop attendus
on propose enfin son aide à la jeune femme qui
depuis le début de la journée
tient la buvette
mais trop tard
on l’entend siffler de joie à la perspective de
pouvoir enfin se tourner les pouces
le festival touche à sa fin
le monde comptera-t-il demain
un lecteur de poésie de plus ?
personne ne le jurerait mais
tous l’espèrent
le festival touche à sa fin
les voisins du parc sont soulagés
j’aide à démonter et
à transporter
tout un matériel son et lumière dont j’ignore le fonctionnement
je crois avoir trop bu
mais la bibliothèque de l’ami qui m’héberge
étant ce qu’elle est
là où elle est
dans ma chambre
je passe la nuit à lire
Jules Mongin & Georges Hyvernaud
je serai fatigué pour rentrer chez moi demain
quelle importance ?
F.Houdaer
07:50 Publié dans a.2) MES TEXTES | Lien permanent | Commentaires (0)
02/02/2016
No explain ?
je crée la surprise autour de moi
en commençant de fumer à l’âge de 45 ans
j’ai beau jurer ne pas chercher à
faire l’original
j’essuie pas mal de critiques
de la part des fumeurs comme des non-fumeurs
pourquoi m’en griller une maintenant ?
mes juges à la petite semaine savent-ils
que dans certains foyers indiens
on n’allume le feu pour la cuisine
qu’une demi-heure après le lever du soleil
de façon à ce qu’aucun insecte n’aille se griller sur la flamme ?
même chose le soir
les indiens cessent de cuisiner une demi-heure avant le coucher du soleil
je précise tout cela à mes proches
sans qu’ils voient le rapport avec ma nouvelle manie
F.Houdaer
18:30 Publié dans a.2) MES TEXTES | Lien permanent | Commentaires (1)
22/11/2015
Sortie
elle est sortie du cinéma
le cerveau lavé par deux heures de pyrotechnies américaines
il lui a fallu marcher plusieurs mètres sur le trottoir
pour mesurer à quel point ce traitement l’avait déprimée
un traitement pourtant recommandé par ses proches
elle n’était pas très loin de la gare de Perrache
elle s’y est rendue
a consulté les horaires de train au départ
a pris celui pour Bourg
elle est arrivée à temps
pour photographier la façade de l’église de Brou
éclairée par le coucher de soleil
elle a repris un train
été de retour à Lyon sur le coup des 22 heures
les conneries du cinéma américain
étaient loin
14:53 Publié dans a.2) MES TEXTES | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : jodorowsky
01/10/2015
CE QUE JE SAIS DE QUELQUES POÈTES
ils ne convoiteront jamais la femme de leur prochain
ils ne tueront jamais leur prochain
pas plus qu’ils ne se sacrifieront pour lui
ils sont capables d’un certain goût
mais ne croient pas en l’existence du diable
je leur souhaite une belle carrière
à animer des ateliers d’écriture
avec un peu de chance
ils ne finiront pas complètement pauvres
et feront de vieux os
extrait de mon prochain recueil (parution aux Editions Les Carnets du Dessert de Lune début 2016)
00:29 Publié dans a.2) MES TEXTES | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : éditions les carnets du dessert de lune, jean-louis massot