12/12/2012
NIETZSCHE, À CHARGE OU À DÉCHARGE ?
16:48 Publié dans carottages littéraires | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : nietzsche, pajack, turin, pavese, folie
19/11/2012
Les trous d’homme
« Je me souviens des trous d’homme (tranchée individuelle creusée par un fantassin afin de s’y protéger) qu’on trouvait après guerre – je parle d’après 1945–, nombreux encore dans divers coins de campagne et le long des rivages où ils ont peu à peu été comblés devenant rares, invisibles ou illisibles pour les générations plus récentes à qui ces vestiges paraissent aussi lointains que les pistes ou camps romains ou gaulois. »
Daniel Biga, « Arrêts facultatifs », éd. Gros Textes (2001)
07:12 Publié dans carottages littéraires | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : biga, daniel biga, arrêts facultatifs, gros textes, éditions gros textes
08/09/2012
Italia # 3
" J'entre en Italie. Terre faite à mon âme, je reconnais un à un les signes de son approche. Ce sont les premières maisons aux tuiles écailleuses, les premières vignes plaquées contre un mur que le sulfatage a bleui. Ce sont les premiers linges tendus dans les cours, le désordre des choses, le débraillé des hommes. Et le premier cyprès (si grêle et pourtant si droit), le premier olivier, le figuier poussiéreux. Places pleines d'ombres de petites villes italiennes, heures de midi où les pigeons cherchent un abri, lenteur et paresse, l'âme y use ses révoltes. La passion chemine par degrés vers les larmes. Et puis, voici Vicence. Ici, les journées tournent sur elles-mêmes, depuis l'éveil du jour gonflé du cri des poules jusqu'à ce soir sans égal, doucereux et tendre, soyeux derrière les cyprès et mesuré longuement par le chant des cigales. Ce silence intérieur qui m'accompagne, il naît de la course lente qui mène la journée à cette autre journée. Qu'ai-je à souhaiter d'autre que cette chambre ouverte sur la plaine, avec ses meubles antiques et ses dentelles au crochet. J'ai tout le ciel sur la face et ce tournoiement des journées, il me semble que je pourrais le suivre sans cesse, immobile, tournoyant avec elles. Je respire le seul bonheur dont je sois capable – une conscience attentive et amicale. Je me promène le jour : de la colline, je descends vers Vicence ou bien je vais plus avant dans la campagne. Chaque être rencontré, chaque odeur de cette rue, tout m'est prétexte pour aimer sans mesure. Des jeunes femmes qui surveillent une colonie de vacances, la trompette des marchands de glaces (leur voiture, c'est une gondole montée sur roues et munie de brancards), les étalages de fruits, pastèques rouges aux graines noires, raisins translucides et gluants – autant d'appuis pour qui ne sait plus être seul. Mais la flûte aigre et tendre des cigales, le parfum d'eaux et d'étoiles qu'on rencontre dans les nuits de septembre, les chemins odorants parmi les lentisques et les roseaux, autant de signes d'amour pour qui est forcé d'être seul. Ainsi, les journées passent. Après l'éblouissement des heures pleines de soleil, le soir vient, dans le décor splendide que lui fait l'or du couchant et le noir des cyprès. Je marche alors sur la route, vers les cigales qui s'entendent de si loin. À mesure que j'avance, une à une, elles mettent leur chant en veilleuse, puis se taisent. J'avance d'un pas lent, oppressé par tant d'ardente beauté. Une à une, derrière moi, les cigales enflent leur voix puis chantent : un mystère dans ce ciel d'où tombent l'indifférence et la beauté. Et, dans la dernière lumière, je lus au fronton d'une villa : « In magnificentia naturae, resurgit spiritus. » C'est là qu'il faut s'arrêter. La première étoile déjà, puis trois lumières sur la colline d'en face, la nuit soudain tombée sans rien qui l'ait annoncée, un murmure et une brise dans les buissons derrière moi, la journée s'est enfuie, me laissant sa douceur. "Albert Camus, "L'envers et l'endroit"
08:36 Publié dans carottages littéraires | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : italia, camus, vicence, albert camus
07/08/2012
VAR # 3
09:39 Publié dans carottages littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : toulon, var, dietrich, arme, journal
29/06/2012
Pépite trouvée dans "Anthologie de la Poésie Amérindienne", revue Bacchanale n°42
"Parce que vous nous avez donné le cheval,
nous pourrions presque vous pardonner
de nous avoir donné le whisky."
Lame Deer
A moins qu'il ne s'agisse de l'inverse, comme me le soufflait Michel Thion ?
Autrement ? Après l'article de Ludovic Maubreuil, une nouvelle critique intéressante de mon dernier livre.
04:44 Publié dans carottages littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maison de la poésie rhône-alpes, poésie amérindienne, bacchanales, lame deer, thion, recours au poème, engeances, marie stoltz
11/05/2012
Ce type aurait-il voté Hollande ?
« (…)
le journal est bouillant
des hommes s’assassinent dans les rues
sans raison.
les pires ont les meilleurs boulots
les meilleurs ont les pires boulots
ou sont au chômage
ou enfermés dans des asiles de fous.
il me reste 4 boîtes de conserve
des troupes climatisées vont de maison en maison
d’une pièce à l’autre
emprisonnant, fusillant, passant à la baïonnette
les gens.
nous l’avons voulu,
nous le méritons
nous sommes comme des roses qui ne se sont jamais souciées
d’éclore quand nous aurions dû éclore et
c’est comme si
le soleil avait fini par être écœuré d’attendre
c’est comme si le soleil était un esprit qui
avait désespéré de nous.
(…)
d’une certaine façon je suis heureux que nous soyons condamnés –
les œuvres d’art
les guerres
les amours pourrissants
la manière dont nous vivons jour après jour.
je me fous de savoir ce que les soldats
feront quand ils seront ici
nous nous sommes déjà tués
chaque jour en sortant de notre lit.
(…) »
BUKOWSKI, « Les jours s’en vont comme des chevaux sauvages dans les collines » (trad : Thierry Beauchamp)
12:02 Publié dans carottages littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bukowski, guerre, rose, soleil
20/03/2012
Deux manières...
" Il n'y a que deux manières d'écrire : la première, en se passant d'autorisation, la seconde, en demandant une autorisation. "
Ossip Mandelstam
20:14 Publié dans carottages littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mandelstam, écrire
09/09/2011
Notule de rentrée
"Ecoles : établissements où l'on apprend à des enfants ce qu'il leur est indispensable de savoir pour devenir des professeurs."
" - Avez-vous le sentiment d’avoir raté votre vie à cause de l’alcool ?
- Raté ou réussi ? … Je me le demande. Ca m’a aidé considérablement. L’alcool m’a endetté un peu partout, ce qui m’a obligé à travailler. Voilà pourquoi j’écris. Si je n’avais pas bu, je n’aurais pas écrit du tout. Et si je n’avais pas écrit, j’aurais été prof."
Extrait de “ Le flâneur de la rive gauche ”, entretiens BLONDIN/Assouline
06:16 Publié dans carottages littéraires, où mon taux d'adrénaline augmente | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guitry, blondin, assouline, école, rentrée, professeur, alcool, dette
19/07/2011
De M. à M.
« Vous parlez des forces démocratiques en Europe et ailleurs. J’aimerais bien savoir où elles sont. La Grèce ancienne fit des centaines d’expériences démocratiques, du moins c’est ce que nous disent les historiens. Pour moi c’est un mot sans aucun sens, tant que le dernier des hommes ne sera pas pris en considération, tant que nous ne renverserons pas tout le système d’éducation, d’éthique, de moralité basé sur la peur et le besoin, les superstitions et la bigoterie, les traditions et les conventions. Je ne connais aucun parti dont le programme annonce cet objectif, et vous ? »
Extrait d’une lettre d’Henri Miller à Malaparte (trouvée dans ce livre passionnant signé Maurizio Serra)
08:56 Publié dans carottages littéraires, politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : miller, malaparte, démocratie, serra